maison TM | île-de-france | 2013-2014
Chênes, pins, tapis de bruyère, sable fin et chaos de grès : ce site, dans le massif des Trois Pignons, concentre tous les caractères de la proche forêt de Fontainebleau. Construire dans cet environnement apparaissait comme une opportunité rare de dialoguer avec ce paysage, assortie d'une responsabilité particulière. La réglementation locale contraignait par ailleurs fortement l'exercice, tant en matière d'implantation que de typologie.
La volumétrie fragmentée retenue pour la maison vise à limiter le gabarit perçu. Les deux corps de bâtiments, par le jeu du décalage et des variations dimensionnelles, s'inscrivent ainsi naturellement parmi les rochers. Dans le même esprit, les matériaux utilisés – verre, bardage de châtaignier vieilli, terre cuite nuancée, zinc brun pré-patiné – ont été choisis pour leur accord d'aspect et de teinte avec la forêt.
A l'intérieur, les occupants deviennent les observateurs privilégiés de cette nature foisonnante. Le bâtiment sud abrite l'espace de vie dans un volume unique largement vitré. Les portiques qui constituent la structure principale libèrent le volume de tout encombrement de charpente, révélant une nef épurée, revêtue de panneaux de chêne. Par les larges baies ouvertes au sud, vers la terrasse, on découvre la partie la plus dégagée du site, simplement surplombée par quelques pins. Les pignons vitrés donnent à voir les frondaisons des feuillus d'un côté, et les blocs de grès à flanc de pente de l'autre, dans une contre-plongée saisissante.
Le bâtiment nord présente une organisation beaucoup plus cloisonnée, sur deux niveaux. Un vestibule aux dimensions généreuses, et associé aux pièces de service, s'installe à l'articulation entre les deux bâtiments. Ouvert sur le salon, il offre également une vue au nord à travers l'escalier, vers une zone plus boisée. Les trois chambres présentent des rapports différenciés au paysage : au rez-de-chaussée, la chambre principale, située au pied des rochers, entretient un rapport intime à la roche et au couvert végétal, mousses, bruyères, lichens ; à l'étage, les deux autres chambres, avec leurs pignons vitrés, sont plutôt en relation avec les branches, les feuillages, la cime des arbres. A travers ces dispositifs de vue et de lumière, ces cadrages, l'architecture de la maison propose une vision fragmentaire du site, à l'opposé du panoramique. En parcourant les différents espaces, on arpente un paysage subjectif, une forêt recomposée pour être mieux appréhendée.